Histoire des Dogons

"Dogon homme de paix, de la sagesse et de la culture"



Dogon et Préhistoire

Il semble qu'à l'origine les Dogon aient appartenu à un groupe de familles issues d'un système politique d'Afrique de l'Ouest fuyant une agression ou des désordres.
Ils semblent qu'ils ont traversé le fleuve Niger et qu'ils se soient dirigés vers l'est. Plusieurs hypothèses essaient de relier cette épopée aux faits historiques qui bouleversèrent la région.
Les Dogon ne sont pas originaires de la terre qu'ils habitent aujourd'hui, bien que la région de la boucle du Niger soit habitée depuis la préhistoire : on y a retrouvé des objets en pierre taillée et polie. Jean Rouch a découvert, dans la région de Hombori, des briques de terre cuite qui témoignent de techniques plus élaborées. Toutefois, la prospection méthodique de cette région reste à faire.
Les seules sources dont nous disposions pour connaître les anciens habitants du pays Dogon sont la tradition orale et les vestiges des habitations situées dans la Falaise.
La tradition orale nous livre plusieurs récits, avec leurs variantes. Ils peuvent tous donner lieu à interprétations; toutefois la chronologie reste à peu près identique.
Les premiers occupants connus du Pays Dogon seraient de petits hommes appelés Bana (rouge) ou Tellem ou encore Pygmées. Ils vivaient de chasse et de cueillette à une époque où la forêt arrivait vraisemblablement au pied de la falaise.
Un peuple, nommé Kurumba, apprit aux Bana comment construire des maisons sur les plates-formes de la Falaise. Des vestiges encore visibles font apparaître des constructions en petites briques en forme de petits pains non séchées et empilées en quinconce.
Les murs avaient une dizaine de centimètres d'épaisseur et l'entrée se faisait par une ouverture d'environ 70 cm de côté, placée à 20 ou 30 cm du sol.
Les vestiges les plus nombreux se trouvent au-dessus du village de Irelli, ou encore près de Amani. L'accès aux habitations se faisait par des cordages tressés de fibres végétales ; certains permettaient de descendre directement de la maison jusqu'au sol,.
Il est vraisemblable qu'un réseau de cordages, et peut-être d'échelles, les reliait entre elles. La Falaise offrait ainsi une protection sûre aux Tellem.
Les récits Dogon dépeignent les Tellem comme un peuple d'un tempérament agréable et non agressif. Certains pensent qu'en arrivant les Dogon rejetèrent lesKurumba vers l'Est, au-delà du Burkina Faso, et qu'ils ne furent en contact qu'avec les Bana ou Tellem, avec lesquels ils cohabitèrent quelque temps.
La tradition prétend que les cultivateurs Dogon défrichèrent la forêt pour établir leurs champs, détruisant ainsi le moyen de subsistance des chasseurs Tellem et les obligeant à quitter le pays.


Histoire de Dogon


Les Dogons seraient venus du Mandé, région située au sud-ouest du Mali au xive siècle pour éviter l'islamisation. Ils se seraient installés à Kani Bonzon avant de se disperser sur trois sites que sont la Falaise de Bandiagara (site mis en 2003 sur la liste mondiale du patrimoine de l'UNESCO), le plateau (région de Sangha) et la plaine  Cette falaise était alors habitée par les Tellem, portant aussi le nom de kurumba. D'après les Dogons, les Bana ont précédé les Tellem (il s'agirait des Toloy). Même s'ils ont longtemps subi la domination des divers peuples ayant créé de grands empires ou royaumes, les Dogons ont toujours su conserver leur indépendance à cause de la difficulté d'accès à leurs territoires montagneux isolés. Les Dogons luttèrent farouchement contre les Mossis à l'époque de l'empire sonhrai, puis contre les Peuls à partir du xviie siècle. Les Dogons et les Soninkés sont très liés, les Dogons étaient parfois influencés culturellement et linguistiquement par les Soninkés dont certains se sont mélangés aux Dogons lors de leur grande dispersion après la chute de l'empire du Ghana.

Une opinion situe la migration Dogon vers la Falaise aux environs du XIVe siècle.
Les Dogon auraient été les serfs des empereurs Keïta, qui régnaient sur le Mandé vers l'an 1300. Le Mandé, le "pays où vit le roi", arrivant alors à sa décadence, les serfs se seraient trouvés libérés mais sans protecteur.
Le thème de la fuite devant un ennemi à cheval revient toujours dans les légendes Dogon . Certaines précisent même des musulmans. Il est tout à fait possible qu'il s'agisse des Almoravides qui envahirent l'empire du Ghana entre 1050 et 1080.
Le thème de l'Ancêtre-Serpent est très important dans la mythologie Dogon ; en l'an 1000, le Ghana était animiste et la croyance principale concernait le Dieu Serpent du Ouagadou,
Les légendes anciennes du Mali ne parlent presque pas des Dogon, bien que la proximité de Tombouctou, de Gao et Djenné ait pu être importante pour eux.
Si l'on considère que durant sept siècles, ces grandes cités ont été le centre culturel et commercial de l'Afrique de l'Ouest, on peut penser que les Dogon aient subi certaines influences.
Les Peul, qui furent les grands propagateurs de la religion musulmane en Afrique, les ont harcelés en permanence. La résistance des Dogon à l'islam les a obligés à se replier sur eux-mêmes.
En 1893, le général Archinard, à la tête des troupes françaises, s'empara de Bandiagara ; la ville, sur ordre du Hogon de Sangha résista victotieusement pendant trois jours .
Et le pays Dogon ne fut totalement pacifié qu'en 1921.
Si l'occupation française a permis la pénétration de missionnaires chrétiens à Bandiagara et à Sangha, elle a eu pour principal effet de mettre fin à l'hostilité entre les Dogon et les Peul ; cela permit aux Dogon de s'installer un peu plus dans la plaine devant la falaise sans avoir à redouter les envahisseurs ou les pillards.

Le peuple Dogon a été pour la première fois étudié par l'explorateur Louis Des plagnes (1871 - 1914), un lieutenant de l'armée coloniale française. Contrairement aux us coloniaux, Desplagnes se montre très respectueux des coutumes et traditions dogons, refusant en particulier de s'emparer des objets qui ne lui sont pas donnés ou échangés de bon gré. Il vit au contact de la population en 1904 et 1905. Il rapport en Europe les premiers éléments détaillés sur la vie du peuple Dogon
Traditionnellement, les hommes dogons sont en général vêtus d'un boubou ou d'une tunique ouverte sur les côtés, et d'un pantalon tissé de trois bandes de chaque côté des cuisses. Les vêtements de couleur marron, ocre, jaune sont préférés. Les Dogons portent le chapeau conique, mais plus souvent encore le bonnet, surtout chez les hommes âgés. Autrefois les hommes portaient les cheveux très longs et frisés. Sur le haut de la tête un cimier était fait avec les cheveux. Quand les cheveux étaient jugés trop courts, on y ajoutait des éléments. Généralement les cheveux sont rasés vers l'âge de 45 ans. Une ceinture de cauris encercle la tête. Des bracelets de cuivre ou d'argent sont portés au bras, ainsi que des bagues au doigt. Les talismans sont très utilisés. On y ajoute des poils de queue d'éléphant pour la force.
Les femmes dogons portent le pagne et le boubou féminin. Les coiffures sont très riches et variées. Elles sont en forme de casque, avec de longue mèches tressées sur les côtés, un nœud de cheveux sur la nuque et le cimier sur le haut du crâne. À la coiffure sont ajoutés des perles ainsi que des bijoux d'or ou d'argent. Les oreilles sont percées et de nombreuses boucles d'or y sont fixées en forme de cercle. Vers l'âge de trois ans un anneau est fixé à la lèvre inférieure pour le premier stade d'initiation à la parole, puis trois anneaux au nez entre 10 et 12 ans, celui du milieu en cuivre pour attirer les bonnes paroles et les autres en aluminium pour chasser les mauvaises. Les pierres précieuses sont aussi utilisées pour les parures. On n'observe ni scarification ni tatouage.

Situation géographique du pays dogon

Le Pays Dogon se situe au sud-ouest de la boucle du Niger, dans la région administrative de Mopti (cercles de Bandiagara, Koro et Bankas), près de Douentza et, au Burkina Faso, au nord-ouest de Ouahigouya.
Dans le cercle de Bandiagara, 80 % de la population est Dogon, de confession traditionnellement animiste.
A l'est des cercles de Koro et Douentza, à la limite du Gourma, c'est-à-dire du pays des Peul. Le pays Dogon est donc entouré par un monde musulman : d'abord par les Peul, éleveurs nomades, par les agriculteurs Mossi et Bobo, et par les pêcheurs Bozo.

Le Pays Dogon semble perdu au milieu du Mali.
Mais il demeure l'un des sites les plus fascinants de l'Afrique de l'Ouest. Les Dogon et la Falaise dans laquelle ils vivent représentent un monde à part : un univers vertical, structuré autour d'un Renard Pâle et de dieux sans pareils, de Forgerons et de" Hogon", d'Initiés et de Débutants, de fêtes se déroulant tous les 60 ans, de masques et de danses incomparables, de légendes archi-complexes et fascinantes.
Les Dogon vivent dans une tradition animiste..
Au coeur d'un pays musulman.
Géographie


Le Mali est comme une île de 1,24 million de km2 au coeur de l'Afrique. En effet, le pays n'a pas de frontière côtière et Bamako, la capitale, se trouve à 700 km à vol d'oiseau de la plus proche côte.
Le Mali est un vaste ensemble de plus d'un million de kilomètres carrés qui représente à lui seul 4,2% de la superficie totale de l'Afrique.
Près des deux tiers du Mali sont englobés dans la zone saharo-sahélienne, le reste étant baigné par les fleuves Niger et Sénégal. Le pays dépend donc de ses voisins pour son ravitaillement, comme toute nation ainsi enclavée.
Le relief est peu accidenté, le point le plus bas se situant à la frontière avec le Sénégal (25 m) et le point culminant à Hombori, au centre de la boucle du Niger (1 150 m).
Quatre grands massifs émergent de ce qui apparaît comme un vaste plateau : au nord, l'Adrar des Iforas, amas chaotique culminant à 900 m ; à l'ouest, le plateau mandingue (794 m) ; au sud, le massif de Sikasso (820 m).
Enfin, à l'est, la falaise de Bandiagara, domaine des Dogon

 Climat


Le climat peut être caractérisé comme un climat tropical aride, avec une moyenne des températures ne descendant pas au-dessous de 18°, un fort ensoleillement et une absence de microclimats qui va de pair avec le relief peu marqué.
Les pluies sont soumises au régime général de l'Afrique de l'Ouest bien que la saison des pluies soit de durée sensiblement égale d'une année sur l'autre (trois mois environ)
Le paysage et la végétation accusent d'énormes différences entre la saison des pluies et la saison sèche. Les changements de paysage s'opèrent en trois étapes :
- la saison des pluies très verdoyante de juin à octobre,
- la saison des cultures maraîchères entourent les points d'eau, d'octobre à février,
- la saison sèche de mars à juin, où les dernières mares étant asséchées, le paysage grillé de soleil n'est peuplé que de la silhouette des arbres.
La région s'est beaucoup asséchée sous l'influence de trois facteurs principaux :
- le premier est la diminution des pluies saisonnières qui alimentent les nappes souterraines.
- Le second est la baisse de niveau du Niger qui alimente les nappes phréatiques.
- Le troisième facteur est plus hypothétique : c'est la disparition des crocodiles à la suite d'une chasse intense. En effet, les sauriens entretenaient des galeries souterraines qui facilitaient la circulation de l'eau.
Quand ils ont disparu, les galeries se sont effondrées. Et l' hydrologie en aurait été modifiée!!.
La Falaise


La Falaise de Bandiagara est le repaire du Pays Dogon.
Elle définit quatre grandes zones:
- le Plateau, limité par le Niger à l'ouest et la Falaise à l'est, : une région très accidentée et difficile d'accès où les habitants ont peu de contacts avec l'extérieur.
- La Falaise, la partie la plus connue du pays Dogon.
Sa hauteur varie de 300 à 600 m; elle se présente sous la forme d'une paroi abrupte, coupée de failles et dont la base est couverte d'éboulis.
La plupart des villages Dogon ont été bâtis dans cette zone d'éboulis, un véritable chaos rocheux incultivable à l'exception de quelques champs minuscules.
- La Bande de terre, au pied des rochers, la seule partie réellement cultivable. Elle court le long de la falaise sur toute sa longueur. Cette bande de terre arable, enserrée entre la paroi et une zone dunaire, varie de 500 m de large devant Dourou à plusieurs kilomètres dans la région de Bamba.
Elle est traversée par des rivières temporaires qui coulent des hauteurs à la saison des pluies. On y trouve la plupart des cultures ainsi que les puits qui fourniront de l'eau jusqu'à la fin de la saison sèche.
La paroi de la falaise forme des surplombs assez importants ; elle est coupée de failles dont les plus importantes ont été aménagées pour accéder au plateau.
Les Dogons y ont construit des sortes d'escaliers de pierre ou des échelles taillées dans des troncs d'arbres.
- Enfin, la Plaine, qui s'étend au-delà du cordon dunaire vers l'est, jusqu'au Burkina Faso. Beaucoup de Peul y transhument et l'implantation des Dogon y est plus récente que dans la falaise.
La circulation dans la plaine est plus facile, l'isolement moindre, et les habitants vivent du commerce entre le Burkina Faso et les villages de l'intérieur.